Paris: Mais où est donc passé Itinéraires ?!

 

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Petit tour pour le Figaroscope, chez Itinéraires

Vous souvenez vous de ce restaurant, dans le canyon gourmand dans la rue Paul Bert ? La salle riquiqui, le comptoir, la lucarne de la cuisine, découpé comme un guichet de carmélite ? Cela s’appelait le Temps au Temps, adorable petite table. L’équipe migra alors vers la rue de Pontoise dans le calme distingué d’un Cinquième apaisé, aligné comme une pile de draps et se rebaptisa Itinéraires. On retrouva alors cette cuisine inventive, virevoltante et surtout décuplée par le charme d’un service en creux, à l’écoute, dans le sens des sens (Sarah). C’était l’adresse cravachée, girouettant sous toutes les influences bénéfiques (l’Italie, le Japon..). A la limite, Itinéraires était une adresse casée, vertueuse, indiscutable.

Ce genre de tables, on les range dans une poche : on est sûr de les retrouver du bout des doigts comme son trousseau de clés. Régulièrement, on se dit qu’il faudrait y retourner. Les réservations sont devenues délicates, mais pas impossibles, autant dire qu’Itinéraires est déjà inscrit dans le Panthéon gourmand. Est ce pour autant qu’une adresse fidèle reste inchangée ? Visite après quelques échos sur une modification des lieux.

 La salle. Elle a été retravaillée, policée. Le bar encombrant a disparu et s’est réincarné en office longeant les cuisines tout au fond, ; celles-ci s’ouvrent sur le chef et son équipe. Les tables ne jouent plus aux quatre coins et bénéficient d’un espacement bourgeois. Lumières découpées au laser, atmosphère de bon restaurant. Sol en plancher rendant le lieu sonore mais qu’importe, malgré la présence d’Américains aboyant leur bonheur, il faut croire que le bien être d’une table peut se jauger à son massage décibélique.

Les cartes. Ah misère de misère, la carte a disparu ! Ventre Saint Gris, Itinéraires a été frappé à son tour par le rayon qui tue : le menu presque obligatoire et sans visibilité. Il y en a qui aime. J’ai toujours du mal à cette génuflexion imposée. On est là sur son prie dieu, les mains jointes et n’en pensant pas moins (méditations sur la passivité SM). Amuses bouches éclatés (avec un petit délice : la purée vanillée), plats chirurgicaux, saveurs à double tiroirs. Il n’y a pas à dire, la cuisine a du chien., le chef (Sylvain sendra), un talent vif. Elle virevolte, tout en gardant la main sur la rampe de textures soyeuses, crémeuses, fines, élégantes. C’est extrêmement plaisant avec régulièrement des sensations dont on ne souvient plus. Pourquoi donc à votre avis ?! Parce que sans doute nous ne les avons pas choisies, elles ne sont pas bien imprimées. Cuisine d’exposition donc avec un déroulé impeccable.

MAIS ENCORE

La clientèle. Pourrait sortir tout droit de la FIAC et des guides gastronomiques. Suiveurs et attentifs, gourmands du quartier, sociétaires de la cuisine internationale, touristes en ventre. Eméchés en application.

Le service. Dirigée par une passionnée des vins (Sarah) si vous avez la chance de tomber sous sa coupe, le dîner prend une autre ampleur. Comme une rampe de lancement.

Est ce cher ? La formule découverte à 59 euros est plus que valable (au déjeuner 29€ pour deux plats). Souvenirs garantis.

Faut il y aller ? Pour un anniversaire.

Itinéraires, 5, rue de Pontoise, 75005 Paris. Tèl. : 01.46 33 60 11. Métro Maubert Mutualité. Fermé dimanche et lundi. PLUS D’INFOS MAP

 

  • Archie
    29 novembre 2011 at 20 h 22 min

    Itinéraires avait disparu de mon carnet d’adresses à l’époque où il y avait encore un menu-carte : les portions ultra-chiches préfiguraient déjà le passage au menu imposé. J’y suis retourné par curiosité, puisque désormais on vise l’étoile, et que le chef est indéniablement un talentueux bonhomme.
    L’accueil est toujours aussi généreux en sourires, ce qui est presque un défaut quand la cuisine l’est aussi peu : pourquoi ce décalage ?
    Comme vous, j’ai trouvé l’assiette de bonne facture, sans toutefois justifier les sacrifices exigés (choix et prix). Le menu se veut gastronomique, mais on est plutôt dans une sorte de bistronomie en costard cravate, où le plat est rarement à la hauteur de son dressage, ce qui fait une drôle d’impression.
    Bref, La Fontaine, la grenouille, le boeuf, splouch.