Le Grand Colbert à la mine (douce)

Pour le Figaroscope, déjeuner hautement sympathique avec le dessinateur Christophe Blain

Christophe Blain, le rédacteur en chef de ce numéro, est un drôle de gaillard. On a l’impression qu’un crayon voltige autour de lui. Qu’il fait pétiller les yeux, briquer les mots. On se surprend même à scruter sa cinétique, sa façon de regarder. Ses mains sont-elles reliées à son cerveau, ses épaules ont-elles une autonomie ? Pendant tout le repas passé avec lui, je n’ai pu m’empêcher de surveiller la bulle dans laquelle nous étions. Où allait-il pointer sa mine de carbone, transpercer avec son crayon HB ? Est-ce que cela fait mal ? Oui, je me souviens être tombé sur la pointe d’un crayon de bois à l’âge de 5 ans. Une marque en est restée sur mon visage à quelques centimètres de l’oeil droit. Je connais donc. Le point anthracite est là comme un émigré, seul, sans phrase ni papier, juste un point orphelin en costume gris sombre.

Autant dire que je surveillais de près notre homme. Sa BD est épatante dans sa façon de choper Alain Passard, de le saisir dans sa gestuelle, son inquiétude, sa douce folie médiatique, sa mafia mielleuse, bref, son talent, comme on dit. Déjeuner avec lui dans une taverne plaisante, le Grand Colbert. LES ROGNONS DE VEAU. Que c’était drôle de le voir voltiger sur la carte. C’était clair, malgré ses déclarations, il n’avait pas une grosse faim. Qui du reste a envie de se taper la cloche à l’heure du déjeuner ? Alors, il a fait comme beaucoup font, un grand classique : jouer le client, le bon vivant, comme on joue à la dînette. Commander un plat de bûcheron moustachu. Des rognons qu’il a trouvés « très corrects » avec une petite lueur de méchanceté professionnelle lorsqu’il est tombé sur un « nerf ». Ah çà, il tenait son os, façon de parler. Il a presque tout terminé. Même des frites d’une banalité sans nom.LE DESSERT. Le prenant à notre propre piège (moi-même, j’avais une fringale d’oisillon), je l’ai poussé au vice qu’il prénomma « profiteroles », avec un bon chocolat lourdingue qu’il trouva commun. Bah, café et zou, sur le trottoir !

BdBlain

MAIS ENCORE

LE SERVICE. Vraiment bien, hypergentil avec tous, la banane (holà pas d’ambiguïté ! Cela veut dire : grand sourire).
LA CLIENTÈLE. Pareil, beau métal. Des bonnes têtes, de la conversation, de la profondeur. Ravie
ÉTAIT-CE BON ? Banal, sans haut ni bas, un peu pleutre à l’instar des frites d’une banalité un peu énervante.
EST-CE CHER ? 92,70 eur pour deux, chérot mais tarif de centre-ville.
FAUT-IL Y ALLER ? J’aime bien le Grand Colbert parce qu’il y a là de la vraie atmosphère de brasserie.
Le Grand Colbert, 2, rue Vivienne, IIe. Tél. : 01 42 86 87 88. Métro : Bourse/Palais Royal.

 

  • Nicolas
    2 février 2012 at 9 h 18 min

    à 5 ans, je me suis également enfoncé un crayon à quelques centimètres de l’oeil droit : j’en garde un point d’encre tatoué sur la peau ! Blain pourrait remplacer Villepin par François Simon dans un Quai Voltaire…