Restaurants. Cinq tables que j’aime bien…

...voire beaucoup !

Pour le numéro spécial 5eme anniversaire, M le supplément du Monde, m’avait demandé de faire un petit choix de cinq tables que j’aimais bien. Malheureusement, au bouclage, la pagination craquait de toutes parts, du coup, le papier a été « trappé ». Pas grave, c’est tout bonus pour simonsays.fr…

Claude Colliot

Logiquement lorsqu’un restaurant est à moitié plein, il y a  de bonnes raisons. Sauf sans doute ici, superbe exception, dispensable paradoxe . Il  en est ainsi de cette table innovante, habile, futée. Sans doute cet autodidacte, appuyée par sa femme Chantal,  hérite-t-il de ces injustices liées à un chant solitaire. Il suffit de voir ses crevettes crues aux champignons Shiméji et capucine, pour piger que ses plats  fonctionnent  aussi aux contre pieds, au contretemps.  C’est pour cela qu’elle attire tant d’estime, de célébrités (Sofia Coppola, Tarantino, Cotillard, Di Caprio, Canet…). Mais pas assez de clients. 50€.

40, rue des Blancs Manteaux, 75004 Paris. Tel.: 01-42- 71- 55- 45.

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Le Bascou

Ces tables appartiennent à ce fameux deuxième rideau que nous chérissons tant. Le chef est en cuisine, ne passe pas à la télé, va au marché, attend les clients. Qui plus est, Bertrand Guéneron était le second d’Alain Senderens, du temps de sa splendeur (Lucas Carton). Il aurait pu fréquenter les sommets, dupliquer son nom, mais il a préféré la fraîcheur paisible de son bistrot parisien. Tout le monde devrait ainsi accourir à son fameux lièvre à la royale ou encore à son millefeuille à la vanille cristallin d’un talent calme et passionné. 40€.

38, rue Réaumur, 75003 Paris. Tel.: 01-42-72- 69-25.

Oenesteria

Il a tout pour tout déplaire: pas de réservation, souvent complet, bruyant, tables rapprochées. Bref, c’est un restaurant parisien. Et de surcroit italien, ce que nous préférons. Parce que le langage est simple, proche du babil avec des plats monosyllabiques, pâtes du jour, soupe de potiron parmesan, rouleaux d’aubergine,  planchettes de charcuterie, bruschettas, ou encore une mozzarella accompagnée d’asperges vapeur et de copeaux de truffe blanche. C’est tout simple, sans prise de tête, ni de m’as tu vus pourtant friands du genre. Bref, c’est une parfaite petite adresse planquée. 30€.

40, rue Grégoire de Tours, 75006 Paris. Tel.: 01-77-15-94-13.img_2272

Frenchie to go

Parfois la gastronomie se résume en une bouchée féroce et vorace. Il s’agit alors que le sandwich en question ne soit pas ces frisbrees ramollis des fast foods, mais de vraies gargouilles de Notre Dame rugissant de poulet rôti et de pain croustillant (Gontran Cherrier). On voudrait de l’écume, du silence dans l’étable, des solitaires déterminés, des cuisiniers dans les vapeurs divines. C’est cela ici. Bien entendu infréquentable aux heures d’affluence et religieusement délectable lorsqu’il n’y a pas un chat. Cela arrive.  12€.

Frenchie To Go, 9, rue du Nil, 75002 Paris. tel.: 01-40-26-23-43.

Paul Bocuse

Un jour hélas, on se tapera le front de la paume en se maudissant. Avoir loupé le restaurant Paul Bocuse de son vivant est sans doute l’une des plus grandes fautes de goût. Car voici une maison incroyablement datée, kitsch, émouvante à vous tirer des larmes de bonheur. Parfois même, notre général de Gaulle apparait quelques secondes. Certes, il n’ a plus ce geste merveilleux de claquer et nouer son tablier avant d’entrer en scène, mais l’esprit est là, celui d’une cuisine bleu-blanc-rouge magnifique dans ses plats préparés en salle. Inoubliable.

Paul Bocuse, Collonge-Au Mont d’Or. Tel.: 04-72-42-90-90.