Humeur. L’essence du vélo…

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Il est question de vélo et l’on a eu la gentillesse de me demander un petit billet sur le vélo. Alors, question pédale, j’ai démarré illico…

Il devrait être en vente en pharmacie. Se proscrire sur ordonnance. Le vélo est sans doute la médecine la plus appropriée aux villes. Aux campagnes. Aux montagnes. C’est un langage universel. Il roule silencieusement, parfois carillonne, tinte (c’est le son d’Amsterdam). Il interpose le caoutchouc entre nos mollets et l’asphalte. C’est la synapse idéale (le contact entre deux cellules) pour comprendre la ville. Dans ses mélancolies, ses utopies, ses paradoxes. Ses odeurs, ses fumets. On la traverse sans déranger qui que ce soit.

En vingt centimètres, la machine s’arrête. On peut mettre pied à terre, sortir de son cadre, de sa fenêtre. C’est un exercice dans lequel les gros mots ne sont pas nécessaires, car il y a une sorte de bienveillance chez les cyclistes. Le monde peut filer un peu trop vite , de façon rêche et sèche. Pfou, il est là tranquille, et grosso modo,arrivera en même temps que les fougueux. Il faudrait ainsi découvrir les villes, à commencer par la sienne.

Glisser, comme le doigt sur une vitre embuée, récolter le curieux miel de balades sans fin. Les regards croisés échangés, un pan de ciel, une nouvelle brûlerie de café. Le vélo est une voix de liberté, mais également de connaissance. On peut échanger des mots, la voix est dans son périmètre, nul moteur ne la couvre. Ce que j’aime surtout dans le vélo, c’est sa dimension sensuelle, lorsque le corps se met à adapter sa fluidité à celle de l’air, lorsqu’on s’inscrit dans un cosmos réinventé, sans laisser de trace, juste un sillage. Le vélo nous fait rejoindre ainsi le monde des parfums. Leur dimension volatile, silencieuse, au bord de l’essence. Il est essentiel.Amst, deux filles sur un vélo