Paris. L’Amarante, juste l’essentiel !

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Christophe Philippe tenait un bistrot délicieux sur la Montagne Sainte Geneviève. Délicieux, mais sinistre d’accueil. Il fallait presque remonter le moral du serveur. En déménageant, le chef n’a pas oublié sa formidable cuisine, mais il a tenu a garder cependant  par coquetterie , une petite touche tristounette avec un non- décor accablant. La vitrine est austère et  revendique en toutes lettres une cuisine « de France ». Certes. Il est fort possible de passer royalement à côté de cette cuisine qui ne procède pas de l’effet, ça non ! Ses plats jouent dans le minimalisme, du style qui m’aime me suive. Ne vous attendez donc pas à des assiettes en ronds de jambe et courbettes poudrées. Non, c’est du brut. Mais en même temps d’une incroyable finesse. Voici donc la sole de petit bateau. Elle est étêtée, ébarbée, équeutée puis rôtie. La cuisson est d’une incroyable précision et cette assiette qui nous apparaissait guère sexy dans sa présentation (flanquée d’allumettes de pois chiches), disposé sans aucune amabilité, s’avère grandiose dans son épure, son jus, sa définition. Il faudra donc venir ici le coeur en habit et débarrassé de l’air du temps. La cuisine de Christophe Philippe ne donne pas seulement dans le poisson, elle est surtout réputée pour être fortiche dans les plats dodus (limite grassouillets):  canard de Challans, gigot d’agnelle du Limousin « cuit très longtemps »; cochon des Aldudes (l’échine poêlé, mousseline de céleri rave), boeuf gras « d’exception ». La clientèle est au diapason et ne semble pas s’y être fourvoyée, ce qui garantit une belle énergie de cette adresse, subtilement activée par un maitre d’hôtel hors pair, subtil et facétieux, Mouloud Haddaden. Bien joué. 

Meilleur emplacement. Sans doute dans l’entrée à gauche vers la vitrine. Sinon, on s’enferme au fond avec une bonne bouteille de vin.

Dommage. Le cadre et l’éclairage…Vraiment Christophe, un petit effort ! Quoique…

IMG_5923A emporter. Si cela était possible, la recette de la mousse au chocolat de Sao-Tomé-et-Principe assez culottée dans son rentre dedans.

L’Amarante, 4 rue Biscornet, 75012 Paris. Tel.:0767332125 Fermé mercredi et jeudi.

Décibels: 78db clapotis du midi.

Mercure: 21°c, lorsque la salle est pleine.

l’addition. Il s’agit là de beaux produits et de vraie belle cuisine donc comptez 50€ à la carte.

Minimum syndical: formule au déjeuner dans le cadre du menu du travailleur à 22€, 19€ avec deux services.

Verdict: ah oui!

  • jluc
    12 avril 2016 at 12 h 29 min

    il faut juste ajouter à la liste non exhaustive des nourritures essentielles une passion pour le veau, dans tous ses états, de la tête aux pieds, littéralement, dont une cervelle crémeuse servie meunière avec quelques feuilles de salade que le chef refuse obstinément de vinaigrer, « l’acidité vient avec le vin, ça suffit comme ça », point de vue du chef avec lequel on est en profond désaccord, mais l’amarante n’est pas affaire de consensus, et un ris à faire pâlir les plus belles tables de paris et d’ailleurs, qui s’évertuent elles à l’embobiner d’atours aussi virtuoses que vains surtout dédiés à justifier le standard de la prestation quand le chef ici se contente, si on peut dire, d’arroser au beurre mousseux ces magnifiques ris de cœur (les amateurs apprécieront) jusqu’à en rendre l’intérieur d’une délicatesse ouatée sous une surface saisie par la matière grasse… et dans un bon jour, le chef accepterait peut-être même que vous râpiez un morceau de mélano que vous auriez emportez avec vous par hasard! non, on plaisante, à l’amarante pour la râpée c’est râpé (certes, elle est facile, mais aussi délicatement incontournable)
    merci françois simon pour ce coup de lumière sur une table qui pourrait bien, sous ses aspects vaguement informes, sonner le retour de la cuisine d’appétit, et ça, ça serait une vraie bonne nouvelle