Buenos Aires. Filons vers le nord de la ville…


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Buenos Aires appartient à ces villes qui vieillissent en resplendissant. Ni botox modeux, ni lavage effréné, juste les strates du temps, un peu de poussières venues diffracter la lumière; de la chaleur l’été venu, les carnations dans leur dilatation.

Quels seraient les pieds de biche pour ouvrir la ville ? Souvent, on ne  vous répondra pas.  Laurence, créatrice de bijoux, suggère de laisser venir les bonnes ondes. La ville en regorge. Se laisser brosser par la gentillesse, la nature affable des habitants; travailler comme eux, bosser même, ne jamais se laisser abattre, résister. Nicolas Ronceray (ev- Verre Volé, à Paris) procède de la sorte dans son clandé de la rue Gason (c’est au 1272). Il suffit de sonner à lourde porte noire. Et apparait son visage illuminé. Cette cave à manger s’appelle Los Divinos. Avec l’aide de Constant, la coqueluche de la ville avec son restaurant A nos Amours, il a retapé cette maisonnette qui fut jadis un atelier de ferronnerie. On y becquette quelques plats de ménage. Métronomiquement claquent les bouchons de vins nature. Celui ci a été fait par un violoniste, au sud de Mendoza. Il s’agit donc d’aller chercher les vibrations, les tourments voluptueux d’un vin joliment épicé. Alors Nicolas, ce pied de biche? « Perdre pied, se détendre,  acceptez le bordel tendre et poétique d’une ville gorgée d’humanité. Elle a connu tellement de crises, de faillites, la misère nous mord les mollets. Il y a donc a une vraie indulgence. Personne ne casse ».

 Juan prend sa voiture, nous roulons longtemps.  il découvre que Buenos Aires s’est agrandie vers l’ouest avec le quartier Porto Madero. Celui ci avec ses immeubles tracés à l’hormone, le laisse interdit, presqu’étranger. Nous roulons jusqu’au stade la Bomboniera, impressionnant dans son silence. Comme épuisé du match de la semaine précédente. La foule des hommes dans leur hystérie, la houle vorace et hurlante, les cartons rouges (deux), jaunes (six). C’est aussi une des clés de la ville…Cette hargne divine qui en un tour de rein fait chavirer un stade: la grinta.