Bretagne. Le Chantier, il y a toujours un chemin qui mène à l’assiette

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Vous voici à la Trinité sur Mer. Le port est juste en face. L’été, c’est une belle cohue faite de rayures, de coton et de teints abricots. C’est la Bretagne insouciante. Mais, elle reste toujours sur ses gardes, comme un phare : juchée, regardante. Par toujours aisé de trouver un bon restaurant.

Le genre est devenu ardu à dépiauter. Qu’est ce qu’une bonne table ? Celle qui porte le label «fait maison», celle qui caracole dans les guides ? Bien souvent, les réponses données nous laissent insatisfaits, en marge. Parfois, la table donne sur le paysage. La terrasse est extra, le service commercial, mais l’assiette se planque, ne joue pas le jeu. Elle élude. Il faut sans doute trouver le chemin qui l’écarte, la met à distance. C’est un grand classique, au delà de la métaphore. Il convient bien souvent de faire un petit effort pour rejoindre une table valable. Se déplacer, gratter, sortir des fléchages. S’extirper.

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Ici, ce n’est pas compliqué. Il suffit de traverser la baie, ou de prendre la petite route qui soudainement, s’embarque dans une épingle à cheveux . C’est ici. Cela s’appelle le Chantier parce que nous sommes sur un lieu de labeur. On y élève des huitres et des moules. Elles donnent aux vastes bassins striés un étrange profil de paysage japonais. La maisonnée est frêle et paisible, la salle pimpante avec ses nappes fraîches, le bleu maritime, le blanc du coton. On a juste fait le voyage qu’il fallait faire, prend le chemin idoine, pour rejoindre une assiette bigrement ajustée. Elle aussi a du cheminer. Se débarrasser surtout du superflu, des colifichets et autres mousses. On a l’impression que si le vent passait, il laisserait l’assiette intacte. Le poisson est ici dans son jus.

Et encore, dans ses vapeurs, à l’instar d’une sole réinventée, virginale comme rarement vous en aurez goûtée. Du coup, une ou deux pommes de terre à l’eau, un beurre fondu suffisent pour la figuration. On se dit alors que la cuisine est douce lorsqu’elle parle de la sorte. Elle doit ressembler au patron, Jean Yves ( semble t-il) : sourcilleux et placide.

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Fruits de mer bien entendu pétaradant d’iode et de fraîcheur, poissons de la criée, bar, turbot, saint pierre, homard. On se retourne quand même, histoire de pincer l’instant. Clientèle aiguisée au vin blanc, conversations estivales et sa nonchalance de lin froissé.

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Le Chantier

Place de choix: sur la terrasse, c’est parfait au beaux jours. Sinon, dans la salle, c’est un peu comme à l’école, la meilleure table, au fond, à gauche, près de la fenêtre (et sans doute du radiateur).

Dommage: les règlements du domaine maritime contingentent la terrasse à une lichette congrue, alors que la baie est encore plus belle deux ou trois pas supplémentaires. Pfuit !

A emporter: s’essayer à la cuisson de la sole en douceur, vapeur pendant 15-16 minutes, petit beurre fondu légèrement citronné et pour les nerveux, un peu de gingembre.

Décibels : 70db la gentry locale en débrayage, mais correcte.

Mercure : lorsque la salle est pleine, ça monte dans les 22°c ; terrasse à température…extérieure.

Addition: faut-il le rappeler, le poisson vous fait vite grimper. Mais la sole à 30 euros reste plus que raisonnable.

Minimum syndical : langoustines à 18 euros, un verre de vin blanc, un café et zou ! (prévoir une galette complète vers 17 heures).

Verdict : réservation en vue !

Passage à l’acte: Le Chantier, « les pieds dans l’eau », Kernivilit, 13, chemin du Passeur, 56470 Saint Philibert. Tel. 02 97 55 17 42. Ouvert tous les jours. passeur 56470 Saint Philibert

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  • Revedor44
    26 mai 2015 at 17 h 47 min

    Des bigorneaux comme à la maison!!!!!!