Les nuits d’Alexandre J : Le DonK

Régulièrement Alexandre Jonette, dj et réalisateur de télévision (Paris Dernière, c’est lui), nous entraine dans les nuits parisiennes. Il n’y a que lui pour se faufiler, détourner les regards et surtout en capter pour notre seul plaisir…

Se payer une œuvre d’art, c’est ce que viennent de faire Guillaume et Jordan, les nouveaux propriétaires du DonK, rue des Saints-Pères. Le sculpteur César a façonné ce lieu : il est sublime, un véritable cocon pour roucouler la nuit… Le DonK est la version by night du Don Camillo, où Parisiens et surtout touristes assistent aux dîners spectacles. Aux douze coups de minuit, les oiseaux de nuits se retrouvent donc au DonK pour danser jusqu’à l’aube…

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Se rendre au DonK est tout un rituel : eau de toilette et belles bottines, j’enfourche ma monture, je fais une première halte devant la maison de Serge Gainsbourg, voisin du club, et me présente à Francis, l’homme qui fait la pluie et le beau temps à la porte du DonK. Francis Van Litsenborgh est une figure bien connue des nuits parisiennes : ancien physio du Baron et du Silencio, il est adepte du costume trois pièces et du velours côtelé, il me dévisage cigarette aux lèvres, prend le temps pour une phrase sympathique et m’accorde son droit d’entrer… Il façonne à sa guise les nuits du DonK, un passage obligé en quelque sorte… Je me faufile par la porte qu’il m’entrouvre devant une foule d’impatients…

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Entrée somptueuse ! On y retrouve bien le caractère de César. L’escalier est fait à partir d’éclats de verre, il m’accompagne à l’étage, je pousse la porte et y découvre un club confiné, à taille humaine. Les amis de la nuit s’y retrouvent pour un verre à table, un déhanché avec une fille. Ce que j’aime, c’est son côté brut de décoffrage : une salle canonissime, très rococo, bien restée dans son jus, on s’imagine encore la bande à Gainsbarre se dandiner dans les coins.

Que le spectacle commence !

Belle ambiance au DonK, la banquette y est plutôt confortable. Un verre à la main, je décide de m’y installer pour mieux observer. La nuit monte en puissance, alors que nous étions quelques privilégiés peu avant 2h du matin, nous voici une bonne centaine à bousculer le bâtiment tout entier. Et pour cause, le DJ est bon ! Dorion y est pour beaucoup, c’est bien lui qui, ce soir-là, enchaîne les morceaux. Un peu de Rock, beaucoup de Hits. Ça va de Phoenix à LCD Soundsystem. Cette fille devant moi danse les yeux fermés, je l’observe un bon moment, rien ne l’atteint, pas même les deux garçons qui tentent de se frayer un chemin dans son champs de vision. Elle est élégante, les pieds nues, elle vole… Un moment de paix en la regardant. Je me lève. Je déambule dans la foule, salue quelques bons copains, il est déjà l’heure pour moi de rentrer.

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En poussant la porte, je surprends un couple dans l’entrée. Un langoureux baiser digne d’une première Saint Valentin : je les observe, ils sont ailleurs, se reflètent mille fois dans les vitraux. Je les imagine dans quelques années raconter leur rencontre fortuite dans ces escaliers qui a dû en voir des belles… Pour ne pas les bousculer, je passe par les coulisses, mon ami Julien m’avait parlé de ce « passage secret »… Je demande mon chemin… Il existe vraiment !  Un petit escalier conduisant directement dans le club accolé au DonK : le Club des Saints-Pères. Je l’emprunte, me retrouve dans une toute autre ambiance, plus jeune, plus violente sur une musique qui me parle moins. Je sors comme un voleur, ni vu ni connu, en pensant déjà à ma prochaine venue…

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Le DonK : 10 rue des St Pères 75006 Paris