Allard, le Ducasse de trop ?

 

Paris, allard, salle o

 

Alain Ducasse chez Allard ? Il y en a un peu marre de cette gloutonnerie gastronomique. Comme si tel un enfant gâté, il voulait tous les jouets de la vitrine. Certes, ouvrez les guillemets, placez l’accent du sud-ouest, <il y a là la défense du patrimoine et de l’excellence française>, mais que je sache avec sa tripotée d’adresses, d’hôtels, d’écoles et de livres, la cour est un peu pleine. Place aux autres, aux jeunes, à cette nouvelle excellence. Il y a parfois dans la démarche de Ducasse, certes un souci louable de protéger la gastronomie, mais sous ses embrassades,  d’enducasser sous son maillage,  voler au secours des institutions (le Meurice), la volaille étouffe et perd ses plumes. Aussi lorsque’Allard est tombé dans son escarcelle, il y avait de quoi lever les yeux au ciel et changer de trottoir. Il se trouve que c’est mon quartier. Et à chaque fois que je passe à vélo devant la longue vitrine, je zieute, je mate.  Je reste sur le trottoir.

Changements. Ce qu’il y a de clair, c’est que c’est bien plus propre, astiqué et frais du matin. La clientèle n’a pas changé : un mélange de touristes, d’habitués et de caïmans du genre (de Pierre Bergé, à Philippe  Tesson) trouvant dans ses gargotes de naguère, l’haleine d’un temps qui s’essouffle. Le personnel en salle est plus présent, plus professionnel, un peu roué certes, mais tenant fermement la baraque.

Paris, allard, grenouilles

L’assiette. Elle était à la ramasse, elle est à présent revenue au bercail grâce à une vision plus classique et solidement technique. Plus de virage dans le fossé, de volailles déchiquetées, de rendus approximatifs. Là,  ça ne rigole plus et c’est même bon. Une jeune femme est en cuisine, histoire de remettre la maison rails, à savoir une cuisine de femme, de tête et de mémoire. Les œufs cocotte aux champignons avaient du corps et du bagout ; les cuisses de grenouille façon Fernande Allard de la conversation.

Paris, allard, oeufs

Est ce cher ? Plutôt oui. Même très. Pas d’entrée à moins de 12 euros (uns salade de frisée), les plats dans les 35-45 euros…

Faut-il y aller ? si on a les moyens, oui. Sinon, dans le genre, il y a mieux un peu partout (Chez la Vieille, par exemple).

Allard, 41, rue Saint André des Arts, 75006 Paris. Tel. : 01 43 26 48 23. Comptez 70 euros.

  • Délices à Paris
    10 février 2014 at 13 h 54 min

    Très bel article,c’est vrai que Monsieur Ducasse ne semble pas en avoir assez,j’irais au Meurice vu que le Plaza est fermé.

  • Dereux
    11 février 2014 at 8 h 47 min

    Quand je suis allé , la sole et le poulet n’ont pas été présentés avant la decoupe!
    Pas possible

  • D. Gautier
    11 février 2014 at 16 h 11 min

    Je suis du quartier aussi, et j’espérais plus de cette reprise d’Allard, vers une bistronomie modernisée, à prix cordiaux. Tant pis, je laisse aux caïmans…
    Question qui me taraude, m’angoisse, m’empêche de dormir: plus de chroniques de F. Simon dans le Figaro du Samedi, ni de Haché Menu dans le Figaroscope du Mercredi?
    Fini, terminé, révolu..?

  • a.o.
    12 février 2014 at 6 h 43 min

    La qualité des mets, la propreté des lieux, l’accueil, le service… tout est bien meilleur qu’auparavant.
    C’est donc une bonne chose que cette adresse fasse dorénavant partie de l’écurie Ducasse.

  • Roger Feuilly
    12 février 2014 at 23 h 08 min

    Cet article nous éclaire-t-il vraiment sur « Allard » ? « Le « Ducasse de trop ? » comme titre et, ensuite, en guise de conclusion pour « Faut-il y aller ? », « Si on a les moyens, oui ». Aucune critique sur les plats, aucun avis sur les vins – y en a-t-il ? -, juste une évanescente comparaison avec d’autres endroits – notamment « Chez la Vieille » (oui pourquoi pas… quoique !) – et, au final, on ne sait trop si cela mérite le détour… et, d’évidence, on imagine quand même que c’est bien meilleur qu’avant, celui du temps des frères Layrac qui avaient quelque peu saboté ce lieu historique. Bon, « Les Lyonnais » de Ducasse (aussi !) viennent d’être désignés ambassadeur parisien de la toute nouvelle association (parmi d’autres) des bouchons lyonnais de manière un brin abusive : cela mériterait quand même réflexion plutôt que l’interrogation superfétatoire sur « Allard »…

    • Noluoc
      10 mai 2014 at 19 h 34 min

      Que dire des gros niqueurs gastronomiques……Simon non plus n’est plus un perdreau de l’année! S’il est logique avec ses écrits, faut qu’il laisse sa place aux jeunes! Et puis, ce nouveau blog, délicieusement ringardo-moderne. ?…. Rendons Allard aux Layrac et Simon au Figaro et tante Thérèse le bisera!

      Noluoc