Chamarré, la courageuse succession…

Oyster-5 

Tiens, il n'y a pas longtemps je suis allé faire un tour dans le nouveau Beauvilliers repris par un courageux. J'y suis allé sur la pointe des pieds presqu'à  reculons… 

Temps de lecture : 3mn 44

C’est toujours enivrant de réserver dans des restaurants gorgés d’histoire. Ils sont portés par eux-mêmes. Vous vous souvenez sans doute, il y avait là le fameux Beauvilliers, table chiraquienne par excellence, fessue et rebondie de bouquets opulents. Edouard Carlier rayonnait sur cet univers comme un roi soleil de poche, le porte clé d’une gastronomie marrante et opportuniste, violonant les nouvels ans russes, sanglotant de piété à la saint valentin. Qu’est ce qu’on rigolait de ces  manières ampoulées et du canard rôti aux pêches.

Mais un beau jour, Edouard s’en est alla rejoindre ses angelots, laissant derrière lui une impossible succession. Il fallait être courageux pour reprendre cette bonbonnière kitsch . Depuis peu,  Antoine  Heerah s’y est collé et rien que pour cela il mérite son poids en chintz rose.

On l’avait connu sur l’avenue de la Tour Maubourg, près de la tour Eiffel. Une table d’inspiration mauricienne tellement chevillée à la gastronomie qu’un beau soir, arguant d’une baby sitter débutante, nous avions demandé un rythme plutôt allegro mais pas tropo pour le dîner, on nous répondit qu’il y avait des établissement spécialisés dans ce genre de gymnastique et qu’ici on y faisait de la "gastronomie". Bigre .

Réservation fut faite il y a quelques jours avec une amie exténuée par une journée de travail. Celle ci eut la bonne idée d’aller faire un tour sur Google et devant le diaporama du restaurant, implora une autre destination: " C’est bizarre ce truc, tu n’aurais pas un truc plus friendly ?". Il est vrai que les lumières frappées au coin du design ne sont pas des plus flatteuses  (tonalité vert- bleu, huître rayée chez Paul Smith) pour les plus tolérantes des carnations . Car voilà, bien souvent, un restaurant est tenu aujourd’hui d’afficher,outre ses menus,  ses options culturelles (design, musique) avant même de se faire cuire un œuf.

Ici, la cuisine garde toujours son tempo chamarré, piochant dans les îles de l’océan ces jolis boosters de saveurs : poivre de Madagascar, huile de café, limequats, chutneys, mangue, vanille…. Ils s’intègrent aujourd’hui presque naturellement dans des compositions qui franchissent le pas de la qualité sans nous prendre pour autant le chou : asperges aux fèves et coquillages, légumes du jardin d’Alain Passard ( ?!),   pigeonneau du Berry poêlé, sole aux coquillages…

C’est fort agréable et charmant d’autant que le service joue le jeu. Il est actif, souriant et même si une serveuse sert du "mademoiselle" à un monsieur macho en diable (ça, c’est toujours poilant), l’ensemble est bon. La clientèle, elle, n’a plus rien à voir avec celle de jadis, bourgeoise à souhait,  délibérément cossue. On pourrait même dire quelle s’est provincialisée. Comme du reste tout Paris.

Cela se traduit venu par tous les hommes en bras de chemises, comme s’ils sortaient d’un même autocar. Les femmes par chance font quasiment toutes des efforts et relèvent sans trop de difficulté le niveau ; l’ensemble décor+ clientèle validant finalement les appréhensions légitimes de celle qui refusa de sauter la haie. Addition tout de même dodue voguant vers les 159 euros. Jolie terrasse.

Chamarre Montmartre, 52, rue Lamarck, 75018 Paris (01.42.55.05.42). Ouvert tous les jours, voiturier. Map

  • Philippe Betschart
    17 juillet 2009 at 10 h 17 min

    Alors on y va ou pas ? Je suis comme vous j’hésite et pourtant j’habite à coté …
    Mon caviste (caves damremont) ne tarit pas d’éloges.

  • Guillaume Tesson
    17 juillet 2009 at 17 h 56 min

    Il faut y aller ! Il est également possible de demander un menu dégustation, au cours duquel le chef s’adapte à l’appétit et au rythme des convives (genre : « encore une entrée ? », « je prépare un deuxième dessert ? »). A noter : Antoine Heerah est un fou de vins, c’est un adepte de l’accord parfait (Senderens est son maître). Vieux rhums étourdissants pour prolonger la soirée…

  • Anne-Julie
    17 juillet 2009 at 19 h 08 min

    On y va et sans hésitation… le rythme de travail que s’impose Antoine Herrah depuis environ huit mois se lit dans l’assiette, de plus en plus précise… le menu se construit et satisfait les palais… la générosité du chef se ressent à chaque bouchée dévoilant de nombreuses et subtiles saveurs! Oui on y va!

  • docadn
    18 juillet 2009 at 18 h 10 min

    Ah le concept « provincial », si typiquement « parisien »…
    Cordialement

  • alain de Rungis
    20 juillet 2009 at 20 h 44 min

    je risque de ne pas être objectif mais peu importe ,j’ai un faible pour Antoine et sa cuisine ,depuis la Tour Maubourg j’attendai le retour , il est revenu , fait de nouveau la cuisine que j’aime ( surtout quand on le laisse faire ) il est sympa, gentil, sait faire plaisir , alors j’y vais et j’y retourne ….
    ps : une magnifique tête de veau à la Mauricienne faite spécialement pour notre Club gastronomique il y a 2 mois , à se rouler par terre !!!!

  • cavedamremont
    30 juillet 2009 at 21 h 14 min

    quand une cuisine fait des étincelles (et c’est suffisamment rare) pas d’hésitation ,)
    salle, terrasse et bar tous plein hier soir.

  • cavedamremont
    20 août 2009 at 10 h 30 min

    Quand une cuisine fait des étincelles, pas d’hésitation ,)
    Les coquillages servis dans leur jus et nappés d’un espuma au citron étaient un petit bonheur hier midi en terrasse !
    Et le prix de ce menu du midi est une vraie aubaine, ce qui ne gâche rien.

  • Idéal Gourmet
    25 septembre 2009 at 19 h 34 min

    Super tarif pour Le Chamarré Montmartre sur http://www.lechamarremontmartre.idealgourmet.fr

  • Patrick Hachet
    30 janvier 2011 at 20 h 22 min

    Testé le 26/01/2011 … à éviter : cher et qualité des produits douteuse. Le chef n’était pas là ce soir là, salle quasi déserte. Les langoustines sont reparties en cuisine (ammoniac ammoniac …). Le seul point positif, le serveur a mis un plat supplémentaire … hélas trop salé.