Ce fut l'une des meilleures soirées de ce mois. j'ai eu la chance d'accompagner des amis dingues de cuisine: Kazuko et Chihiro Masui et Kenzo. Table visitée, Toyo avec à la clé un haché menu pour le Figaroscope.
Dîner en solo ou mieux encore à deux au comptoir, c’est sans doute l’un des vrais plaisirs du restaurant. Le côte à côte rien de tel pour se dire, se parler, se confier, il n’y a pas le face à face intrusif, irrigué de vigilance, mais plutôt l’horizon devant, la perspective, le champ libre. On est alors dans l’écoute. Les comptoirs japonais ont ce premier avantage.Le second, c’est que devant vous se joue une sorte de vérité.
Le chef est-il là ? Oui. Est-il de bonne humeur ? Est-il soigné, attentif à votre appétit ? Oui aussi. Comment tranche-t-il ? Comment parle-t-il aux produits, les prend-t-il dans la main. Les aime-t-il au moins ? Tout cela fait une vision intimiste de la cuisine. On voit tout de suite si le poisson est bien, s’il sent bon. Il y a comme une vision claire, instantée. C’est la vue du pont. Toyo, le nouveau restaurant lancé par l’ancien chef privé de Kenzo, est-il un restaurant japonais pour autant ? Non, c’est un restaurant d’auteur avec un chef d’origine japonaise mais qui cuisine les produits français avec une touche japonisante. Il appartient à ces chefs aux inspirations métissées, refusant d’être rangé dans un tiroir qui ne correspond pas à leur arc-en-ciel.
Le menu du soir. Sept séquences pour un menu se faufilant dans les saveurs les plus subtiles comme ce foie gras avec pommes et radis râpés, ou encore des chips de racine de lotus et bulots. Puis voici du poisson bleu (un maquereau) accompagné d’un tartare d’algue ; du turbot mariné entre deux feuilles de kombu, et des fines tranches de poutargue à l’aneth. Le plat principal est un curry de poisson à la façon de Toyo. L’ensemble fonctionne avec une rare précision. Du reste, vous-même, vous fonctionnez de la sorte. De la pointe des baguettes, vous rejoignez ces plats, qui eux même tracent des saveurs de la pointe de leur pinceau. Quand on regarde de près (il faut vraiment regarder de prêt comme ce tartare d’herbes et d’algue) c’est comme un univers sous-marin, on avance avec nos palmes, les yeux écarquillés par le silence. Dessert réalisé par une jeune pâtissière secondant le chef, une composition tout en finesse sous le regard de laser de Toyo. A propos, le vrai du nom du chef, c’est Toyomitsu, ce qui signifie, plénitude de la lumière.
MAIS ENCORE… Le service. Aux petits soins, filant doux et dans l’application sereine. Ca change ! La clientèle. Aux premiers jours, pas mal d’avertis et de pointures foodies venues ici aiguiser leur carnet d’adresses. Faut-il y aller ? Ah oui, haï !
Est ce cher ? Le soir menu à 55 euros et à 75 euros. Vu la qualité des produits et l’exécution si précise, c’est le tarif.
TOYO, 17, rue Jules Chaplain, 75006 Paris (01.43.54.28.03). Fermé dimanche et lundi. Map
Claire
25 février 2010 at 10 h 27 minHa j’ai très envie d’y aller ! Merci de ce compte rendu.
sue
26 février 2010 at 19 h 26 minVos photos donnent envie.
Ce maquereau me fait un peu plus rêver que la cuisine absurde et trop décorée qui continue à se développer ici et là.
Eliz
28 février 2010 at 14 h 16 minjuste….whaouuu!
tte la qualité, la précision, la rigueur et les saveurs de la cuisine japonaise et/ou inspirée du Japon réunies dans cette adresse….
Rêve d’aller tester cette table un jour
Jean-Louis
28 mai 2010 at 21 h 28 minTrès beau menu dégustation à 45 € le midi avec 7 plats !
Philippe Lellouche
1 février 2011 at 20 h 36 minCe fut une de mes grandes sensations culinaires depuis longtemps !!! Merci Maitre Toyo