Mousse au chocolat: Spoon version inox

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Tiens, dans le numéro d'hier, le Figaroscope s'est penché sur les meilleures mousses au chocolat de Paris. Pas évident, il y en a tant ! Parmi les premières, celle de Chez René, du Cinq mars, des Cailloux, des Terrines de gérard Vié, celle du Spoon est dans le lot, voici notre petit compte rendu…

 La mousse au chocolat reste encore un des derniers bastions de résistance de la gastronomie élémentaire. Comme pour les frites et la baguette, tout le monde à un avis, le donne et ce n’est pas plus mal. Chacun a ses canons en la matière, et il ne s’agit pas d’activer le bec savant et de décréter ce que doit être la bonne mousse. Il y a grosso modo deux écoles : la sèche et la mouillée. La première est comme immobilisée dans son élan, saisie dans la posture. On peut y planter sa cuiller et celle-ci reste impavide. Elle reste fixe comme la hampe d’un drapeau. On pourrait , à dessein, brosser le portrait psychologique des amateurs de la raide sèche tout comme il semble aiser de deviner quels caractères se cachent derrière les adeptes de la mousse mouillée, presque trempée à la base. Celle-ci alterne le moelleux, le souple, puis le détrempée, on y croise beaucoup de texture, cela peut même constituer un véritable arc-en-ciel des résistances. Itou pour la facture cholatée, certains aiment lorsque la mousse cacaote dans les amers noirs alors que d’autres penchent vers le chocolaté plus sucré. Fort de tout cela, vous éviterez quelques râteaux malencontreux dans les dîners en ville. Au Spoon, halte-garderie des palaces du Triangle d’or, on retrouve une version allégée. Fallait-il encore passer avec notre petite cuillère, symbole de cette table cossue.
La clientèle. Triée sur le volet et fort à l’aise dans cet établissement posé entre un lounge première classe et un lobby de palace de Gstaad. Clientèle parvenue et arrivée depuis longtemps à l’instar d’un couple enveloppé qui s’installa près de notre table. Tout de suite, l’homme en buste et grosse montre de plongée réputée, resta sur son derrière , qu’il avait large, lorsqu’on présenta une carte avec prix à sa darling.. < Choquant>, grinça t il, à l’adresse de sa compagne. Il suffoquait presque que l’on puisse plonger sa fiancée dans les affres du réel. Du reste, encore bouleversé, l’individu fonça aux toilettes sans doute pour consulter quelques résultats de foot ou des sms clandestins. Chose cocasse, au moment où il disparaissait tout au loin dans les lambris de l’hôtel, sa darling plongeait ardemment la main dans son sac, pianotait à la va vite quelques texto incandescents (on l’espère) avant de retrouver une faconde de first lady. Le bonhomme était chilien, devait filer à Santiago où l’un de ses immeubles s’était effondré. Il se présenta à nous comme critique gastronomique. À la bonne heure. Tout deux visitaient à Paris et déjà notre Curnonsky d’un soir avait son avis sur l’accueil de Spoon : nul, lamentable ! Ah bon (sans doute la carte obscène).
La mousse au chocolat. Elle arriva dans son vaste saladier et fut servi généreusement en un glorieux tumulus aérien à souhait. Elle fut boulottée en cinq minutes par les enfants. Lorsqu’il fut évoqué qu’elle était légère, ils marquèrent une légère surprise : il est vrai qu’en absorber l’équivalent d’un robuste demi melon plombe joyeusement la soirée et suscite une longue marche digestive sur les Champs Elysées. En tout cas, elle était bien bonne, dans l’entre deux, lactée et décidée. 

MAIS ENCORE…

 Le service. Accueil ducassien dans son optimisme professionnel, l’aplomb commercial. C’est toujours nickel, très sûr de soi. 

Est ce cher ? Toujours une bonne prune, mais la mousse est à 9 euros.

 Faut il y aller ? Si la bonne fortune vous sourit oui, sinon, mieux vaut aller ailleurs.
Spoon, 15, rue de Marignan, 75008 Paris  (01.40.76.34.44).