Venise: mon voyage à Da Celeste ? j’y pense encore: le grand choc

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 La veille fut tout de même bigrement sérieuse. Je n'avais pas le moral non plus. Je me suis reperdu dans la ville. Au petit matin, ça allait mieux.

Il fallut ce long périple pour me remettre en vie. Le
vaporetto jusqu’au Lido, un capuccino pour attendre le bus. Rien ne vaut le bus
de la ligne 11 dans les bouts du monde, c’est comme les michelines et les
navettes, on quitte un monde pour en gagner un autre. Celui ci est moins
fréquenté ; presque inhabité. Les conseils régionaux doivent pester devant
ces autocars, ces bateaux essoufflés qui les ruinent pour quelques malheureux
autochtones. Quelle félicité d’être dans ces enveloppes budgétaires, d’émargés
dans le non sens administratif. C’est une des dernières voluptés car ces
machines remontent également le temps. Elles l’ont avec elle. Elles s’arrêtent,
font soupirer les soufflets, patientent pour quelques attendris, ouvrent leurs
entrailles pour quelques valises. J’aime bien ce rythme lent. De trente trois
tours. Les arrêts en pleine campagne, à la croisée des chemins. Qui attend –
t-on de la sorte ? Personne. 

Soudain une silhouette trotinne, ouf, il était
temps, on sent alors la solidarité des tout petits voyageurs. S’arrêter,
redémarrer, s’assoupir, se revéiller sur un coup de frein. Scruter les gens qui
remontent l’allée centrale. Le bus traversa le Lido puis par magie se glissa
sur un ferry qui paraît juste au même moment. Le village de Pelestrina est au
bout du périple. Il faut descendre à la Poste centrale. Il n’y avait pas grand
monde ce samedi midi. Tout de suite, l’air métait familier, le clapotis du
port, l’odeur mélée de la pêche, du gasoil et du soleil sur les pavés. C’est
mon enfance. L’indolence des jours sans fin. Pêcher sur la jetée. Attendre. Les
maisons sont rieuses.  Un chien
aboit, son maitre fait de même. Dans sa tête, un autre chien fait de même, il
voudrait s’arrondir ici, trouver sa laisse et son piquet. On ferme les yeux,
l’idée fait son chemin,traverse votre tête. On se voit en large pantalon, en
chemisette et espadrille. Un peu comme Joseph Delteil, dans sa thébaide. On se
voit attendre ses amis autour d’un poisson grillé, d’un fabuleux vin blanc. Et
puis l’idée repart, étouffée par l’idée du spleen de l’automne,du marasme de
l’hiver. Des journées de pluie. Du vent qui vous rend marteau.

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 Sur les quais, il y a quelques restaurants. Nous avions
réservé à Da Celeste. Il y avait tout pour rendre les armes : une  polenta avec des gamberini,

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 puis de
l’araignée decortiquée, des saint jacques, des tellines-vongole-caparossoli

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 puis des sardines sauer. Il y eut un vin blanc adorable (un ronco Belle Acacie,
de chez Vigne du Zabo, 30 euros), des spaghettis vongole,

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  un cocktail maison à
chavirer (vodka, proseco, sorbet au citron)…

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Puis plus rien, le retour
ensommeillé dans le bus. Me reste t il encore des forces pour vous donner le téléphone ?

Oui:  041.96.73.55 (fermé le mercredi).

 

 

 

 

  • Gould
    3 juin 2010 at 13 h 46 min

    Merci, on dirait presque du Sebald 😉

  • emmanuelle
    3 juin 2010 at 19 h 15 min

    le « cocktail » maison est une spécialité de Venise c’est le sgropino. Da celeste est en effet une des plus belles tables de la lagune. merci pour ce voyage

  • Jean-Philippe
    3 juin 2010 at 20 h 22 min

    Merci

  • Sunny Side
    4 juin 2010 at 7 h 37 min

    Merci du cadeau …

  • Geoffroy
    4 juin 2010 at 16 h 14 min

    Mon commentaire d’hier a été effacé, est-ce normal ?

  • Syl.
    5 juin 2010 at 19 h 13 min

    Là, c’en est trop !
    Vous réveillez mes perpétuelles envies de Venise !

  • Enzo Vizzari
    7 juin 2010 at 19 h 24 min

    …Ronco delle Acacie de Le Vigne di Zamò…