Georges on my mind

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Le restaurant Georges vient de changer de mains, pour le Figaro du samedi, je suis allé passer la dernière soirée…

 

Rien de plus troublant un restaurant qui ouvre. Qui ferme.
Qui peine. Qui s’enferme. Ou passe la main, comme mercredi soir chez Georges,
rue du Mail, à Paris (01.42.60.07.11). On a l’impression d’appartenir alors au
fond de commerce. On pourrait être une petite cuiller, un moule à soufflé, une
poignée de porte. D’ailleurs, on nous a vendu, nous aussi,la clientèle. On nous
a présenté comme des gens fidèles, pas trop regardants sur les prix, attaché au
lieu. On a du nous jauger, nous palper comme une génisse. Par chance, on nous a
pas hissé dans un camion pour l’abattoir. Mais il y a un peu de cela. On
partage presque les appréhensions du personnel. Les nouveaux patrons seront ils
gentils ? Nous garderont-ils ? Ne sommes-nous pas trop pas trop
vieux, pas assez sexy, pas assez moustachus. Le matin, on doit se regarder dans
le miroir : fais-je encore l’affaire ? Nous les clients, on a la
chance de ne pas se poser ce genre de question. On peut aller voir ailleurs. Mais
on restera, comme des fidèles gardiens du temple. On surveillera la carte
écrite à l’encre violette, veillera au maintien des rognons de beau grillé
Henri IV, à la salade de museau de bœuf et du baba au rhum. Fera t on la grève
comme nous le fîmes, il ya douze ans au Balzar. Ce fut extra. Mais sans
lendemain. Aujourd’hui, cette brasserie reste dans ses habits mais ceux ci sont
singulièrement piteux. Georges devrait garder le cap car les nouveaux
propriétaires sont du genre à accompagner plus qu’à étouffer. Ils possèdent le
Bistrot de Paris et Chez René, et là-bas, que je sache, le jarret de veau a
gardé sa dignité, la baguette croustille, le morgon est frais.
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Mais ce soir, Arnaud, le patron de chez Georges, a un air
tristounet. Il tourne une page. Et celle-ci est lourde, cinquième génération. S
es arrières grands parents avaient ouvert sur la place le Roi Gourmet, il y
avait alors deux restaurants sur la place des Victoires. Le premier ferma en
1985, et le Louis VIV en 1995. Son grand père (Georges), fut condisciple de
Claude terrail à l’école hpotelière de Paris et ouvrit donc, rue du Mail, Chez
Georges. Voilà. C’est un peu bête comme chou tout cela, mais le tissus de Paris
est maillé de sentiment, de pages tournées, d’encre violette.

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  • Alain de Rungis
    5 juillet 2010 at 10 h 26 min

    juste une petite rectification, il s’agit du Louis XIV , place des Victoires et non pas du Louis VIV ( VIV = I ….), qui était dans le quartier des anciennes halles une très bonne adresse comme l’était Georges, Pharamond, Chez Vattier , La Bonne Popotte ( oubliée aujourd’hui mais pour moi une des meilleurs adresses du ventre de Paris ), La Vieille, La Tour de Montlhéry ( toujours présente ) et bien d’autres encore.

  • David
    5 juillet 2010 at 13 h 10 min

    Même la frite a l’air triste sur la photo…

  • Syl
    5 juillet 2010 at 17 h 55 min

    Doit-on on se fier à ce que vous dites audio visuellement ou au papier qui suit immédiatement ?
    Je suis un peu perdu, j’avoue.

  • Alain
    8 juillet 2010 at 5 h 56 min

    Verra t’on encore les habitués ? le notaire du coin au fond , le juge à gauche accompagné de son copain l’huissier …et à la table de l’escalier le docteur Pierre , plus loin le gros avoué , la journaliste se tapant un coup de blanc et les poirréaux vinaigrette (traitement spécial du chef alain) qui de temps en temps lorsque Bernard était là ,se fendait pour nous d’une tomate provençale quand on en avait marre des haricots verts à l’anglaise ….mais chut j’ai aperçu des vieux clients déja ailleurs près de la place beauveau..Adieu l’ami.

  • Flo
    24 juillet 2010 at 11 h 21 min

    merci pour cet article,
    jai decouvert Georges grace a mon pere qui faisait partie de cette clientele historique entre avocats, juges, medecins, huissiers et autres fines gueules.
    mon pere mattendait toujours a 12h15, sous le tableau de droite. je reviendrai a coup sur, pour voir bernard, arnaud et ses cheres serveuses