Alba, le pour ceux qui partent ce week end…

En ce moment, c'est idéal pour filer à Alba, en Italie. C'est même merveilleux. J'ai plongé dans mes archives pour vous ressortir de bonnes adresses dans le coin. Je n'ai pas pris le temps de vérifier les nouveaux tarifs mais logiquement, c'est du lourd… Merci pour votre compréhension…
À TURIN le restaurant didactique du centre commercial gastronomique Eataly est à la peine aujourd'hui. Le thème hebdomadaire en est sans doute la cause : il s'agit de la truffe blanche d'Alba. Cette petite merveille beige rosé, veinée comme le marbre est furieusement chère cette année. C'était une curiosité, c'est devenu une rareté. Pas grand monde devant la vitrine où moutonne cependant ce qui rend les chefs marteaux, cette fameuse truffe d'Alba, parfois vendue jusqu'à 7 000 eur le kilo. La mama qui surveille ce cheptel a le sourcil charbonneux : un moment d'inattention et hop, on pourrait lui cravater ce qui fait courir ici tous les gourmets d'Europe jusqu'à décembre. Les restaurateurs se massent le menton. Comment peuvent-ils s'embarquer dans des plats à 50-60 eur ? Même s'ils n'y grattent que quelques euros, on va les traiter des voleurs. Marco Tonazzi, du restaurant I Golosi, à Paris, a eu beau écumer le Piémont et la Toscane, il est revenu bredouille après quatre jours de recherches intensives. « Avec ces prix d'achat tellement élevés, on ne peut rien faire : il faut au moins 12 grammes par plat, je préfère donc renoncer. » En tout cas, ce soir dans le restaurant de la Villa Tiboldi, près de Canale (Piémont), la patronne ne lésine pas. Bien sûr, il y a la petite balance électronique sur le côté de la table, mais lorsqu'elle se lance à râper ce prodigieux champignon aux arômes fulgurants, c'est du Stradivarius. Le vin de la maison vient amplifier l'uppercut. Quand vous ressortez à la nuit fraîche, vous avez les poumons rechargés. Au petit matin, du haut de cette colline, vous allez réaliser pourquoi le Piémont est actuellement l'une des plus jolies régions d'Europe. C'est d'une limpidité renversante. Des brumes diaphanes, des cieux serrés, avec un soleil pénétrant. Le paysage est dans sa houle habituelle, versant d'un côté sur l'autre, gommant ici ses coteaux, les relevant là-bas. Parfois, on voudrait s'arrêter au bord de la route et applaudir cet hommage du cadre. On peut d'ailleurs le faire, cueillir cet infini, tendre et épicurien, celui qui enchantait Cesare Pavese, lui redonnait la paix, la dimension « primitive » de la nature.

LA VILLA TIBOLDI
À une petite heure de Turin, près de Canale, une adresse exquise, juchée au-dessus des vignes, dans la région du Langhe, plus précisément du Roero. Dans un cadre à tomber, voici neuf chambres décorées en style « liberty toscan », profondément confortables et donnant sur un paysage admirable. La demeure dispose d'une piscine, d'une terrasse sur le toit et d'un restaurant d'excellent niveau, épaulé par les vins de la maison régulièrement notés favorablement dans les guides spécialisés. Belle adresse noble et sentimentale avec petit déjeuner exquis et consistant. À partir de 120 eur (www.villatiboldi.it).
LE MAGASIN : EATALY
Dans le quartier de Lingotto à Turin (au 230, via Nizza), voici un immense espace consacré aux vins, à la bière, aux poissons, pâtes, pains… Restaurant didactique (en ce moment, c'est la truffe blanche, à partir de 20 eur avec un plat tout simple), dégustations de café, de glaces artisanales, comptoir pour se restaurer, pizzas, foccacias, coin livres (avec toute la production du slowfood : parfait !), coin Internet, huiles d'olive, conférences… Bouh, mais pourquoi n'a-t-on pas ça à Paris ? !
DES ADRESSES POUR FAIRE LA PAUSE 
Elles ont la louable vertu de posséder quelques chambres, usage hautement recommandé tant les routes sont sinueuses, les brouillards de nuit épais, les vins de la région percutants. Ainsi, à Neive, l'auberge La Contea, pour sa ferveur de la cuisine régionale. Chambres donnant sur un superbe paysage. Comptez 100 eur la nuit. Piazza Cocito (00 39 0 173 67 126 et www.la-contea.it). À Monforte, voici Felicin, l'institution régionale célèbre pour sa cuisine vive, délurée. Chambres à partir de 120 eur , dont la belle 108 couvrant toute la vallée (00 39 0 173 78 225). Plus rustique encore et s'adonnant pleinement à la cuisine locale, la trattoria Della Posta, aussi à Monforte (00 39 0 173 78 120). À La Morra, non loin de là, l'institution locale, c'est le Belvedere, sur la piazza Castellola. Un régal, le week-end au déjeuner, de voir arriver les gens de la région (00 39 0 173 50 190). Notez également l'Osteria del Vignaiolo (tél. : 00 39 0 173 50 335). Pour plus de gastronomie, réservez longtemps à l'avance, à Treiso, el Tornavento. C'est la grand-messe joyeuse avec de solides tablées festoyant autour d'une cuisine inventive et brillante (oignon rôti au four avec une fondue à la truffe, canard au barolo). Comptez 100 eur . Formidable vue. Piazza Bracco (00 39 0 173 638 352).
ACHETER SA TRUFFE
À Alba, il faut faire au minimum un pèlerinage du côté de l'épicerie Morra, sur la piazza Pertinace, le pape de la truffe (hélas, il est décédé). Mais notez également d'autres épiceries comme I Piaceri del Gusto sur la via Vittorio Emanuele, 23 (excellente cave et librairie) ; la Gastronomia Petiti (via Alberione, 3), Aldo Martino (via V. Emanuele, 27). Pensez également au marché organisé sous le vaste chapiteau monté pour l'occasion (au bord de la via V. Emanuele). Les truffes y sont garanties et certifiées.
À PARIGGI
Ce n'est pas pour des prunes qu'on a percé des tunnels entre la France et l'Italie. Même si elle est rare, la truffe blanche est présente dans les adresses en vue : à Paris, Pascal Fayet au restaurant Sormani propose même un menu spécial de folie avec un Sassicaia 2002 : comptez 500 eur pour deux (4, rue du Général-Lanrezac, 75017 Paris ; 01 43 80 13 91). Au Mori Venice café, les plats (tagliatelles, risotto…) partent à 80 eur avec 10 grammes de truffe (2, rue du Quatre-Septembre, 75002 Paris ; 01 44 55 51 55). L'Emporio Armani Caffe suggère dans ses préparations, du beurre de truffe autour de 25 eur . Si vous souhaitez 10 grammes de truffe blanche, ils seront facturés 80 eur (149, bd Saint-Germain, 75006 Paris ; 01 45 48 62 15). Enfin, Stresa encaisse lui aussi l'escalade des prix et propose le gramme à 10 eur (7, rue Chambiges, 75008 Paris ; 01 47 23 51 62).
Office national italien du tourisme, 23, rue de la Paix, 75002 Paris (01 42 66 66 68.)

Rassurez-vous. Point n'est besoin d'acheter un kilo de truffe blanche pour la cuisiner. Avec 20 grammes (pour deux personnes), vous pouvez 
sublimer un plat de pâtes.
La truffe blanche, c'est un peu la gastronomie apaisée. Face à elle, il est inutile de pavoiser, de truquer, de faire le malin. On achètera donc des pâtes très fines comme des tagliolini (dans le Piémont, on les nomme des tajarin). À chacun sa méthode mais disons que, si vous souhaitez vous rapprocher d'une authenticité piémontaise, faites donc comme suit : cuire très peu les pâtes, une à deux minutes (buttare la pasta) ; ensuite, terminer à la poêle avec un peu d'eau 
de cuisson et du beurre. C'est ici que s'homogénéise une émulsion mêlant l'amidon des pâtes, le beurre et l'eau (on dit alors spadellare la pasta).
Les puristes diront à juste titre que le secret des pâtes italiennes tient à l'eau italienne. Ce n'est pas tout à fait faux. Mais n'oubliez pas non plus le beurre italien qui apportera une touche spéciale (Cooperativa 
Fra produttori di Latte, 108, rue Saint-Maur, 75011 Paris, entre autres).