Paris: dernières pousses au Plaza…

Paris, Plaza, cour

 

Au bout du fil, on s’inquiète presque. Rien ? Pas de symptômes ? Non, rien à part, comme toujours,  des boutons sur le front en forme de croix celtique. La direction du Plaza annonce donc sa décision de <suspendre momentanément> sa carte écolo, de la Cour Jardin. Pourtant, elle avait beaucoup de peps. On se disait alors que l’on devrait laisser jouer plus souvent les chefs. La plupart du temps, ils s’emberlificotent dans leur ego, leur carrière et leur dimension à l’international. Mais dès que l’on ne les regarde plus, ils s’amusent. Parfois ils s’achètent une automobile puissante, jouent de la clarinette, marchent dans le désert. C’est sans doute là qu’ils deviennent passionnants. Qu’ils nous intéressent. Bien sûr, maintenant, on sait qu’ils savent cuisiner la truffe noire en plein été, faire tourner leur restaurant lorsqu’ils ne sont pas là. On les connaît, sorte de pianos automatiques dont les touches s’enfoncent sans qu’ils ne soient besoin de jouer. Cela nous désintéresse de plus en plus. Régulièrement, Alain Ducasse tente des incursions avec l’opportunisme qu’on lui connaît. Mais au moins, lui se remue pour les régions, les astronautes, les femmes de banlieue, le Japon. Avec plus ou moins de sincérité, il bouge, se déplie en quatre. Sa dernière expérience dans la Cour Jardin du Plaza Athénée à Paris (25, avenue Montaigne, 75008 ; 01.53.67.66.02) était bigrement intéressante. Plutôt que de récupérer en loucedé les idées venues d’ailleurs (les chefs sont les ancêtres des Shadocks, question pompage), il a eu la bonne idée de rendre à César ce qui était à César. En l’espère, la cuisine de Lawrence Aboucaya, du restaurant le Pousse-Pousse à Paris. Que cuisine t elle ? Comme beaucoup d’autres, les légumes, feu les germes, les graines, les épices. Elle était donc l’invité d’honneur pour l’été dans ce cadre superbe que constitue le patio intérieur de ce grand hôtel. On pouvait être  un peu estomaqué par les prix, 36 euros le petit épeautre avec des légumes et des épices, mais on tenait là une cuisine presque rupestre, faite de songes et d’herbes. Lorsqu’on en ressortait, on avait l’impression d’avoir fait une bonne action, d’avoir fait  avancer le monde, ralenti la  fonte des banquises. Cher, d’accord , mais  le cadre est d’enfer, le service est propre à la galaxie Ducasse, une excellence souriante animée avec douceur et fermeté par Maxime Maze.   Vous y croiserez probablement des personnes d’un autre monde, ligotées dans le CAC 40 croisant un ennui mordoré dans une cage et laissant parfois échapper des sourires d’enfant au-dessus d’une chantilly au lait d’amande. On est loin du réel, ce qui n’est pas blâmable et lorsque le porte à tambours du palace parisien vous redépose dehors, on se retourne presque sur cette carte d’été à présent recadrée et sanitarisée ; l ’innocence déplacée par la magie de notre monde équivoque. (photos F.Simon)

Paris, Plaza, germes

 

  • Sylvie
    6 juillet 2011 at 11 h 10 min

    Tu en parles bien. Cela fait presque envoie si l’on oublie le prix.

  • Georges
    6 juillet 2011 at 17 h 10 min

    Il est vrais que la façon de pomper des « chefs » est désepérante et en fait pas trop étonnante car pour la majorité, ils ne sont que des simples cuisiniers sans imagination qui se prennent au sérieux…